Février 1745 : des noces princières mémorables !

Publié le 24 février 2021

Bal paré, bal masqué ou encore comédie-ballet… le mariage entre le Dauphin Louis de France, fils de Louis XV, et l’infante d’Espagne Marie-Thérèse, deuxième fille de Philippe V, fut célébré avec des festivités somptueuses renouant avec les fastes du règne de Louis XIV.

Le mariage fut célébré le 23 février 1745 à la Chapelle Royale, le jour même de l’arrivée de la princesse à Versailles.
Le soir, la comédie-ballet de Rameau La Princesse de Navarre, sur un livret de Voltaire, fut représentée dans le théâtre aménagé dans la Grande Écurie. C’est également dans ce contexte qu’a été créé la comédie-ballet ,ou « opéra-bouffon », Platée de Rameau. Le lendemain, le Grande Écurie fut transformée afin d’accueillir à nouveau le roi et la cour pour un bal paré.
Enfin, le 25 février, un bal masqué fut donné, aujourd’hui appelé « Bal des Ifs » et souvent retenu comme l’apothéose de ces noces princières.

Le mariage représenté en estampes

En 2004, quatre estampes représentant le mariage entre le Dauphin et l’infante d’Espagne ont été offertes par la Société des Amis de Versailles. Celles-ci ont été identifiées en vente publiques comme une série gravée par Charles-Nicolas Cochin le Jeune et possédant encore leurs cadres originaux dessinés par les frères Slodtz, à agrafes et nœuds dans la partie supérieure, « sortes d’encadrements « standard » dorés pour les châteaux royaux », dont le Château ne possédait plus aucun modèle [i].

Ces oeuvres représentent quatre moments majeurs des noces : à gauche, le mariage célébré dans la Chapelle, au centre, la représentation de la comédie-ballet « La princesse de Navarre », et enfin à droite, la décoration du bal paré donné dans la salle de spectacle du manège de la Grande Ecurie de Versailles.


Enfin, la quatrième estampe offre un bel aperçu de l’arrivée remarquée dans la Grande Galerie des huit ifs, dans la nuit du 25 février au 26 février 1745.

Le 25 février, tout le grand appartement fut aménagé pour le bal masqué, ouvert à tous. Selon le duc de Luynes, « la foule se trouvait si grande dans la galerie qu’on y était porté presque d’un bout à l’autre sans mettre le pied par terre ». Le bal étant masqué et costumé, cette liberté permit au roi de s’y rendre sous un costume de topiaire, accompagné de sept autres courtisans vêtus de façon identique. Cochin a représenté cette entrée qui fut fort remarquée par tous les assistants.

Comme la plupart des pièces du grand appartement, la galerie avait été équipée de gradins, construits dans l’embrasure des fenêtres, afin de permettre à de nombreux spectateurs d’assister à la fête. Outre les lustres que l’on n’accrochait alors dans la grande galerie qu’en de rares occasions, des girandoles placées sur des guéridons ainsi que de nombreux autres luminaires de complément (dits « morceaux de composition ») assurent l’éclairage des lieux. Les musiciens, invisibles sur la gravure, sont installés dans le salon de la Guerre attenant.

L’artiste a su montrer la diversité des costumes des assistants (Turcs, Chinois, bergers, jardiniers, dominos variés…) ainsi que le joyeux désordre qui présidait à ce genre de festivités (notamment avec les personnages assis sur le parquet en bas à gauche de la gravure, ou encore dans la représentation des spectateurs placés dans les gradins).

[Notice de Raphaël Masson]

La restitution du costume de Louis XV

En 2016, à l’occasion de l’exposition « Fêtes et divertissements à la Cour » (29 novembre 2016-26 mars 2017), la Société des Amis de Versailles a participé au financement avec l’AROP de la restitution du costume de Louis XV porté lors du célèbre Bal des Ifs.

Le roi porta ce costume, ainsi que sept autres personnes, lors du bal masqué donné dans la Galerie des Glaces en 1745. Il apparaît sur un dessin et une gravure de Charles-Nicolas Cochin, mentionnés dans le compte de 1745, où sont également indiquées les sommes payées à Ducreux, fabriquant de masques et d’accessoires de théâtre.

Le costume original étant aujourd’hui disparu, les ateliers de costume de danse de l’Opéra national de Paris l’ont reconstitué avec la participation des élèves du lycée professionnel Octave Feuillet (Paris).

La structure du costume est en métal, comme un treillis sur lequel les tissus sont montés, et est de forme cylindrique s’évasant vers le bas. Se fixent autour de ce grillage métallique 2814 ifs en vélin, 8 aunes de toile de lin blanchi, 10 aunes de taffetas de soie vert et enfin 2814 branches ou feuilles imitation « if ». 

Retrouvez en vidéo les étapes de ce travail et la place du costume dans la scénographie de l’exposition.


POUR EN DECOUVRIR DAVANTAGE :

Retrouvez la conférence de Fabrice Conan, historien de l’art et conférencier : « Le Bal des Ifs racontés aux Amis »

Re-découvrez le 1er projet « Mécénat des Jeunes Amis du Château de Versailles« , réalisé dans le cadre de l’exposition « Fêtes et divertissements à la Cour » : la reconstitution de deux décors de théâtre du XVIIIème siècle.


[i] Arizzoli-Clémentel Pierre. Musée national du château et des Trianons. Acquisitions et enrichissements de l’année 2004. In: Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n°9, 2006. pp. 6-13

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