Acquisition de deux carnets de dessins et croquis
Grâce au mécénat de MM. Olivier Obst et Frank Troncoso, la Société des Amis de Versailles a récemment offert au Château deux carnets de dessins et croquis, réalisés vers 1698 par les ducs d’Anjou...
Après plus de cent soixante ans d’absence et plusieurs années de restauration, le bureau de Louis XIV est désormais présenté au château de Versailles dans le Salon de l’Abondance, à l’entrée des Grands Appartements royaux. Cette œuvre exceptionnelle, classée trésor national, a été acquise en 2015 par l’Établissement public du château de Versailles grâce au mécénat d’AXA et de la Société des Amis de Versailles, dans le cadre de son partenariat avec la Fondation du patrimoine.
En 1685 est livrée à la demande des Bâtiments du Roi, une paire de bureaux brisés en marqueterie d’écaille et de laiton. Ces deux bureaux, commandés à l’ébéniste ordinaire du roi Alexandre-Jean Oppenordt (1639-1715), sont destinés au « Petit Cabinet où le Roy escrit », pièce de travail de Louis XIV située en arrière de la galerie des Glaces, entre le cabinet des Termes et un cabinet de garde-robe. Cette pièce, comme le cabinet des Termes, sont des pièces qui n’existent plus aujourd’hui dans le Château.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le « Petit Cabinet où le Roy escrit », vous pourrez prochainement retrouver l’article de Jean-Claude Le Guillou « Versailles, du « Petit cabinet des glaces où le Roy escrit » à « L’Arrière-Cabinet », à paraître dans le prochain numéro de la revue de la Société des Amis de Versailles, le Versalia n°26.
Ce bureau présente une riche iconographie qui célèbre la gloire du Roi-Soleil : monogramme royal à double « L » entrelacés, surmonté de la couronne royale et du soleil d’Apollon, grandes lyres évoquant le dieu et présence de fleurs de lys, le tout dans un décor foisonnant de rinceaux.
Pour la confection de ses deux bureaux, Oppenordt a collaboré étroitement avec Jean Bérain, dessinateur de la Chambre du roi, dont on reconnait le répertoire ornemental.
En regardant attentivement l’intérieur du soleil central du plateau du bureau, nous pouvons remarqué un visage, probablement d’enfant ou d’ange, gravé très légèrement (cf photo de droite)
Un certain nombre de documents attestent des intervenants et notamment d’Alexandre-Jean Oppenordt qui signe là l’une de ses plus brillantes réalisations à destination du souverain. Ayant été formé dans l’atelier de César Campe, ébéniste du Garde-Meuble de la Couronne, Alexandre-Jean Oppenordt, naturalisé depuis 1679, devint l’année précédant la commande, ébéniste ordinaire du roi (1684), fonction qu’il conservera toute sa vie.
Cependant, le dessin particulièrement riche, abouti, foisonnant et libre de la marqueterie d’écaille et de laiton renvoie aussi à l’œuvre de Jean Ier Bérain, dessinateur de la Chambre du roi dont la production gravée recense des motifs qui trouvent écho dans les deux bureaux du roi.
La qualité de l’œuvre tant par son modèle que par l’extraordinaire foisonnement de son réseau de marqueterie d’écaille et de cuivre illustre remarquablement la production des années 1684-1685. Les plus grands noms de l’ébénisterie et de la création artistique du temps y ont participé pour livrer un chef d’œuvre marqué par la force de son message emblématique à la gloire du souverain.
Élisabeth Caude
Leur forme brisée, avec le plateau s’ouvrant par le milieu interrompant ainsi la marqueterie, suscita rapidement peu d’intérêt et les deux bureaux furent renvoyés au Garde-Meuble puis, considérés comme démodés, vendus séparément en juillet 1751 lors d’une vente de meubles royaux. Jusqu’en 1880, nous avons perdu la trace de celui aujourd’hui de retour à Versailles. À la fin du XIXème siècle, le bureau est vraisemblablement identifié dans les collections du Baron Ferdinand de Rothschild, et c’est certainement à cette période que le meuble fut transformé en bureau de pente à gradins.
La paire de bureaux réalisée par Oppenordt fut conçue de façon que le premier bureau soit le négatif du second.
En ébénisterie, il est d’usage d’appeler « première partie » la composition dont le fond se compose du matériau organique (bois, écaille de tortue), et « seconde partie » ou bien « contre-partie » la composition dont le fond se compose du matériau métallique (étain, laiton).
Ainsi, le bureau conservé depuis 1986 au Metropolitan Museum de New York, suite à un don de Charles Wrightsman correspond à la « première partie », et le bureau de retour à Versailles à la « seconde partie » ou « contre-partie ».
Les interventions de fortune que le bureau a subi les décennies précédentes lui avaient fait perdre une grande partie de sa lisibilité avec notamment des soulèvements au niveau de la marqueterie d’écaille et de laiton.
La restauration de ce bureau fut confiée au Centre de Recherche et de Restauration des musées de France (C2RMF). Avant d’intervenir sur ce meuble, un comité scientifique international regroupant des conservateurs de Versailles, du C2RMF, du Louvre, du MET et des experts du Mobilier national, s’est réuni afin de définir le parti de restauration. Il fut ainsi décidé de redonner à ce meuble exceptionnel sa forme originelle de bureau brisé.
La Société des Amis de Versailles est heureuse d’avoir participer au retour du bureau du roi, témoignage d’autant plus précieux qu’il s’agit de l’un des rares meubles de Louis XIV qui soit parvenu jusqu’à nous. Vous pouvez dès à présent l’admirer dans le Salon de l’Abondance, à l’entrée du Grand Appartement du Roi.