Acquisition de deux carnets de dessins et croquis
Grâce au mécénat de MM. Olivier Obst et Frank Troncoso, la Société des Amis de Versailles a récemment offert au Château deux carnets de dessins et croquis, réalisés vers 1698 par les ducs d’Anjou...
Depuis le 1er juin et jusqu’au 3 octobre, vous pouvez découvrir l’exposition « Dessins pour Versailles, vingt ans d’acquisitions » qui se tient dans les appartement de Madame de Maintenon au château de Versailles.
Parmi les œuvres présentées, dont l’acquisition a eu lieu entre 2000 et 2020, cinq sont entrées dans les collections du Château par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles.
C’est à l’agence de Jules Hardouin-Mansart que nous devons ce dessin. Il représente une élévation du mur sud du cabinet du Billard de Louis XIV, situé dans l’appartement de collectionneur du Roi, au premier étage, donnant sur la façade Nord de la cour de Marbre et sur une partie de la Cour royal. Cet appartement a été complètement modifié sous Louis XV. Ainsi, cette œuvre est un précieux témoignage sur l’état de l’ancienne salle du Billard, qui prenait place à l’emplacement actuel de la chambre à coucher du Roi. Elle présente également des possibilités d’encadrement pour les tableaux de l’Albane et de Poussin qui devaient être intégrés dans les lambris. La proposition retenue insérait finalement les plus petits tableaux dans un encadrement d’ornements sculptés dans les parties hautes et basses. Les cadres des plus grands tableaux en sont quant à eux dénués.
On peut enfin supposer que cette planche est un dessin de travail et non la version définitive, que l’architecte faisait réaliser par les dessinateurs des Bâtiments du Roi à partir de la version préparatoire. En effet, l’absence de couleurs, qui d’ordinaire désignent l’emplacement des tableaux ou des miroirs avec un lavis, mais aussi les indications manuscrites, ou encore les feuilles de papier accompagnant ce dessin, rendent crédible cette hypothèse.
Ce dessin a été acquis en 2000 grâce à un don de Monsieur Hervé Aaron fait par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles.
Exécuté en 1774 par le comte de Caraman, ce dessin a été approuvé par la reine et porte la mention « approuvé par Marie-Antoinette ». Le jardin anglais de Trianon a ainsi été créé de 1774 à 1782 à partir de ce premier dessin, avec la contribution de Richard Mique, d’Antoine Richard et de Hubert Robert. Il prend place à l’Est du Château, à l’opposé du jardin français au tracé très géométrique. C’est Louis XVI qui offre Trianon à Marie-Antoinette, qui voulait un lieu de retraite lui permettant de s’échapper du cérémonial et des usages de la cour.
La feuille présente des fragments de papier collés qui font état des hésitations et modifications de son auteur. Le dessin s’accompagnait d’une légende, aujourd’hui non localisée, vers laquelle renvoient des symboles, mais aussi des lettres ainsi que des numéros présents sur cette œuvre. On constate qu’il y a peu de bâtiments sur ce dessin, montrant toute l’importance accordée au fait de ne pas boucher les diverses vues qu’offrent les tracés ondoyants du jardin anglais, qui ont également pour but de susciter l’étonnement du promeneur.
Cette œuvre a été acquise en 2008 avec la participation de la Société des Amis de Versailles.
Saint-Aubin présente avec cette feuille une scène de la vie quotidienne au château de Versailles sous l’Ancien Régime. On y voit des voitures arrivant devant les grilles du Château tandis qu’une foule de badauds les observe. La variété dans les attitudes des personnages représentés dénote le sens de l’observation de Saint-Aubin. Ceux-ci l’intéressent d’ailleurs davantage que les décors architecturaux, simplement esquissés. Pour preuve, un pavillon carré est représenté là où devrait normalement se dresser la Chapelle royale.
[Texte pour l’espace]
Un large ciel remplit le milieu et le haut de la feuille, dans lequel on ne distingue qu’avec difficulté une autre vue. C’est dans un souci d’économie du matériau sur lequel il travaille, préoccupation coutumière à Saint-Aubin, qu’il décide de représenter la scène de cette manière. Au verso sont représentés une femme vue à mi-corps, de dos, vêtue d’une capeline, une femme assise à terre, un aigle de lutrin et une statue drapée qu’une jeune femme nue s’apprête à couronner d’une guirlande.
Ce dessin est entré dans les collections du Château en 2014 grâce à un don de Madame Florence Austin par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles.
Cette Vue d’Israël Silvestre rend compte de l’état du Château vers 1674, ce qui explique l’absence de la grille royale, qui n’a été ajoutée qu’entre 1678 et 1679. On attribue l’œuvre à Israël Silvestre en raison de sa proximité avec une gravure connue du même artiste qui représente le Château en 1674. De plus, on reconnaît son trait caractéristique tout en finesse et précision. On suppose qu’il s’agit d’une première esquisse, puisque certains éléments d’architecture sont à peine esquissés.
Israël Silvestre est nommé graveur du Roi en 1663. Il a dans un premier temps pour travail de documenter par ses dessins les fêtes royales. Plus tard, Colbert le charge de graver les places fortes de l’Est de la France et d’en faire le relevé. C’est à ce moment qu’il déploie son style caractéristique des vues topographiques. Il continue ensuite sa carrière en étant nommé maître à dessiner des pages de la Grande Ecurie en 1668, puis du Dauphin en 1673. La consécration arrive néanmoins dès 1670, date de son admission à l’Académie royale de peinture et de sculpture.
Cette vue du Château a été acquise lors d’une vente publique en 2016 par la Société des Amis de Versailles, qui en a fait don l’année suivante au château de Versailles.
George Leroux se forme à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs puis dans l’atelier de Léon Bonnat. Son rapport aux châteaux et jardins de Versailles et de Trianon n’est que de l’ordre du sujet d’étude éphémère, éloigné du reste de son œuvre. Pourtant, il semble que cette feuille, où figure au recto le bosquet du Quinconce du Midi et au verso celui de la Colonnade, fait office de dessin préparatoire pour une de ses toiles tirées de la « série » consacrée à Versailles qu’il réalise et qui est exposée en 1926 à Paris, mais non localisée à ce jour.
Cette œuvre est entrée dans les collections du Château en 2019 grâce à un don de Monsieur Franck Paquotte par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles.
Retrouvez toutes les informations sur l’exposition des dessins du château de Versailles.
Vous pouvez également lire notre article sur d’autres acquisitions (parfois plus anciennes) de dessins de la Société des Amis !
Pour aller plus loin, retrouvez l’article des Carnets de Versailles écrit à l’occasion de l’exposition par Élisabeth Maisonnier, conservateur en chef au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon et responsable du cabinet des Arts graphiques.