Une visite dans le Parc du château de Versailles avec Daniella Malnar
Daniella Malnar, historienne et chargée du développement au service des Eaux et Fontaines du domaine national des châteaux de Versailles et Trianon, a embarqué les Amis dans une aventure passionnante à travers le parc du Château le 20 avril dernier.
Suivez la visite et découvrez quelques histoires et symboles des plus belles fontaines du Château !
Les fontaines, et leurs effets d’eau, ont été perfectionnés par les Francine, célèbres fontainiers de Louis XIV. Elles racontent toutes une histoire, souvent inspirée de la mythologie, et mettent en avant la vie, la nature, et surtout la puissance du Roi.
À la fin du règne de Louis XIV, le Parc recèle plus de 1600 jets, répartis sur les différentes fontaines, bassins, bosquets. Ils sont aujourd’hui animés et entretenus par une équipe de 8 fontainiers et fontainières.
La Grotte de Thétys
La visite débute sur l’histoire de la grotte de Thétys, aménagée puis détruite sous le règne de Louis XIV (pour laisser la place à l’Aile du Nord). Cette grotte, magnifique de détails, était inspirée des parcs italiens contemporains.
Les lieux mettaient en scène, à travers trois groupes sculptés imposants placés dans des niches, le repos d’Apollon chez la déesse Thétys, au terme de sa journée. Fort de la symbolique liant le Roi Soleil et le Dieu Soleil, l’endroit était aussi important car son toit contenait un réservoir hydraulique, dont l’eau, pompée dans l’étang de Clagny (aujourd’hui disparu) en contrebas, alimentait trois fontaines du jardin. C’est François Francine qui mit en eau la grotte, faisant jouer les « jets surprises » au milieu différents groupes sculptés, sirènes, tritons, coquillages.
Ces trois groupes sculptés ont été déplacés dans le Bosquet des Bains d’Apollon, et y sont visibles aujourd’hui.
Le Parterre d’Eau
La visite de Daniella a continué avec une arrivée sur le parterre d’Eau : elle nous explique le rôle de ces bassins (qui n’en formaient qu’un avant d’être dédoublés vers 1685, pour permettre le passage au milieu). Non seulement, le château se reflète sur l’eau vers le ciel, créant une esthétique magnifique mais aussi un lien entre la Cour et le Ciel divin. Ils sont également des miroirs, et les reflets du ciel se projettent selon l’angle du soleil dans les miroirs de la Galerie des Glaces. Le Soleil, symbole favori de Louis XIV, pénètre ainsi ce lieu fastueux, où les sujets sont dominés par la luminosité de Dieu – et donc de celle du Roi.
Le Parterre de Latone
Le parterre de Latone a une symbolique plus historique pour Daniella Malnar.
On y découvre Latone, avec ses enfants Apollon et Diane (fruits illégitimes de ses amours avec Jupiter), piégés et encerclés par les paysans de Lycie. Latone supplie Jupiter de sauver ses enfants, et le dieu transforme aussitôt les paysans en « monstres de marais ». Cette histoire mythologique, relatée par Ovide dans les Métamorphoses, se ferait l’écho de l’enfance du Roi-Soleil, protégé par sa mère Anne d’Autriche des Frondeurs (les paysans-grenouilles-lézards-tortues), que les Bourbons finissent par soumettre.
D’ailleurs, Daniella nous souligne que les jets d’eau, sortant des gueules des batraciens disposés autour de Latone, passent au dessus du groupe. Ils ne les atteignent pas, grâce à un infiniment précis calibrage de la puissance de l’eau et des tuyaux – les ennemis n’atteignent pas la puissance royale.
Dernier détail : Latone fait son apparition dans le bassin en 1668, mais fait alors face au château. En 1687, Jules Hardouin-Mansart, architecte du Roi, lui fait faire un demi-tour. Le groupe sculpté fait désormais face au Grand Canal, à l’ouverture du Parc, à l’avenir. Le petit Apollon-Louis regarde son destin, dans le bassin en contrebas : Apollon sortant des eaux, glorieux, prêt à démarrer sa course dans le ciel.
Un florilège des Bosquets
Nous avons ensuite poursuivi la visite avec Daniella Malnar à travers les allées et les bosquets du Parc : le bassin de Saturne (l’Hiver, toujours vaincu par le Printemps et la renaissance), le bosquet de la Salle de Bal (le goût pour le Naturel, la trinité symbolisée par les trois vasques…), le bosquet de la Colonnade (la fécondité), le bassin de Flore ou Le Printemps, le bassin du Char d’Apollon (équipez-vous de jumelles lors de votre prochaine promenade au Parc, vous apercevrez peut-être le petit angelot soutenant fermement la puissante gerbe centrale du char d’Apollon…), ou encore bien sûr le célèbre bosquet de l’Encelade.
Le géant pousse un cri de douleur et d’impuissance, symbolisé dans la gerbe d’eau la plus haute des bosquets : 25 mètres (la plus haute du parc est celle du Dragon, atteignant les 27 mètres). Un géant tantôt Frondeur, tantôt Fouquet… toujours est-il que, malgré sa puissance avérée, le géant est vaincu par le Roi et la Nature.
Le Bosquet des Bains d’Apollon
Enfin, cette visite s’est conclue sur le bosquet des Bains d’Apollon, où nous avons pu admirer les groupes sculptés qui appartenaient auparavant à la Grotte de Thétys. Ce bosquet anciennement dit « du Marais », aménagé par Mansart en 1704, fut remis au goût du jour en 1778 par Hubert Robert, dans un style anglo-chinois, style apprécié de Louis XVI. Loin de la profusion de détails, d’or et de puissance caractéristiques Louis XIV, le bosquet des Bains d’Apollon révèle, par sa discrétion, par ses douces cascades, par son naturel, le tempérament du dernier roi à Versailles.
Nous remercions grandement Daniella Malnar pour cette visite, son expertise et sa passion, qui ont émerveillé les Amis de Versailles.
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