Le Cabinet de la Méridienne, la restauration architecturale

Publié le 17 mars 2020

Lancée en 2013, la première phase architecturale de la restauration du Cabinet de la Méridienne s’est achevée en 2015, il y a déjà 5 ans ! 1080 donateurs ont participé au financement de cette restauration, rendant ainsi hommage aux dix grands savoirs des artisans du XVIIIe siècle contenus dans ce lieu.

Découvrez le film de la restauration, avec Elisabeth Caude – Conservateur Général, Frédéric Didier – Architecte en Chef des Monuments Historiques, et Roland de l’Espée – président de la Société des Amis de 2009 à 2016


Avant restauration l’aménagement et le mobilier s’étaient tristement dégradés depuis 1789 : dorure éteinte, peinture grisâtre, panneaux de lambris fissurés, pièces manquantes… Son état exigeait d’importantes restaurations pour retrouver toute la finesse du décor souhaitée par Marie-Antoinette. En effet, l’importance historique du Cabinet de la Méridienne est complétée par sa dimension artistique puisque c’est un fabuleux concentré de savoir-faire : boiseries et sculptures sur bois, dorures à deux tons, bronzes de Pierre Gouthière, serrurerie, marbrerie, parqueterie en chêne de modèle dit «Versailles», miroiterie, menuiserie, tissu et passementerie.

La Société des Amis de Versailles a souhaité que la restauration de ce lieu d’excellence profite à la formation de plusieurs apprentis, en particulier dans la menuiserie, dorure et peinture. Elle souhaite ainsi intégrer à ses projets la transmission des savoirs et la formation de la main, renforçant sa mission pour le rayonnement du château de Versailles.
La deuxième phase de restauration, concernant le remeublement et la restitution des tissus, a été engagée en 2015 (en savoir plus).

L’article des Carnets de Versailles, « Les Petits Secrets de la Méridienne » par François Appas, revient sur les détails et les conditions du chantier de 1781.

Dans Versalia 2017 (n°20), Frédéric Didier, Architecte en Chef des Monuments Historiques, raconte le chantier en 2013 et 2014 : « La restauration du cabinet de la Méridienne ».

LES DÉCOUVERTES DE LA MÉRIDIENNE
La restauration architecturale a permis de nombreuses découvertes. Elle a notamment révélé, lors de la dépose des boiseries, la corniche de l’escalier, datant de 1770, commandé par la Reine à l’architecte Gabriel pour accéder aux appartements du dauphin. La signature du sculpteur Monge au revers des parcloses des pans coupés indique que la Reine, après son retour de Marly, décide de modifier la pièce en demandant la création de quatre pans coupés. D’autre part, la découverte d’un élément conservé dans un placard atteste que le parquet avait été teinté. Enfin le nettoyage et démontage des bronzes a permis d’identifier le serrurier : Cahon, dont la signature se trouve à l’intérieur de la serrure. L’étude historique a également permis la restitution de deux encadrements de glace réalisés par les maîtres d’art d’après le projet original des frères Rousseau.
Découvrez les étapes et les découvertes faites sur le chantier avec l’atelier DARDE.

L’HISTOIRE ATTACHANTE D’UNE PIÈCE D’EXCEPTION
Le Boudoir de Marie-Antoinette, également appelé Cabinet de la Méridienne, est sans doute la pièce la plus intime et la plus attachante de l’Appartement privé de la Reine. Situé au premier étage du château de Versailles, souvent modifié au cours des ans, le Boudoir attenant à la Chambre de la Reine et à sa Bibliothèque, nous est parvenu dans son dernier état réalisé pour Marie-Antoinette entre février et septembre 1781.
Le Boudoir fait partie, avec le Cabinet Doré de la Reine et la Garde-Robe de Louis XVI, des chefs-d’œuvre de l’architecte Richard Mique et des sculpteurs Rousseau. Artistes attitrés de la Reine, ils réalisèrent pour Marie-Antoinette cette pièce précieuse au décor raffiné qui témoigne de leur extraordinaire virtuosité. Le nom de « Méridienne » semble indiquer un usage particulier aux heures médianes de la journée, sans doute avant le dîner, correspondant à notre actuel déjeuner, qui était servi selon l’usage de l’époque vers trois heures de l’après-midi.
C’est l’époque où, dans l’euphorie de la naissance prochaine du Dauphin l’on décide de nouveaux aménagements. La future naissance est d’ailleurs largement présente dans les détails iconographiques de la pièce. Symbole de l’intimité de la Reine, cette petite pièce octogonale fut un véritable refuge pour Marie-Antoinette, lui permettant de s’isoler des fastes du  quotidien à la Cour. Ne souhaitant pas être dérangée par les besoins du service, elle donne des instructions très précises à Richard Mique qui organise la circulation des femmes de chambre derrière la pièce pour ne pas importuner la souveraine. La présence de targettes intérieures lui permettant de s’enfermer dans le Boudoir confirme la quête de vie privée de la Reine dans cet espace.
Son exposition plein nord oblige l’architecte à trouver une solution ingénieuse pour améliorer l’éclairage dans la pièce de 10m² : l’installation de panneaux de glaces permet un jeu de miroirs reflétant et démultipliant la lumière naturelle pour augmenter la luminosité.

Découvrez le regard de Christian Baulez, conservateur général honoraire du Patrimoine dans le texte « Prestige royal et luxe privé« .

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