Les mécénats des Amis dans l’appartement du Dauphin

Publié le 02 avril 2022

Les appartements du Dauphin nouvellement restaurés accueillent plusieurs mécénats de la Société des Amis de Versailles.

La réouverture de ces espaces au public dans le circuit des visites libres est l’occasion de les redécouvrir, à partir du 1er avril 2022 !


Cartel à draperie et vase en bronze doré

Don de Messieurs Jérôme Plouseau et Christophe Caramelle avec le concours de la Société des Amis de Versailles, en 2019, ce cartel par François Caranda vient d’être installé dans l’antichambre du Dauphin.

Ce cartel à draperie au nom de l’horloger François Caranda est représentatif des livraisons faites au Garde-Meuble de la Couronne, en plusieurs exemplaires, de modèles de pendules destinés au service des princes.

Caranda, reçu maître en 1741, déposa son bilan en septembre 1760 mais rétablit ses affaires et devint Horloger du roi par livraison, travaillant pour le Garde-Meuble, fournissant une dizaine de pendules et de nouveaux mouvements placés dans des boîtes anciennes. Parisien d’origine, il s’était installé à Versailles en 1778.

Ainsi Caranda livra un cartel de ce modèle dit « à l’antique surmonté d’un vase » ou « à draperie et tête d’Apollon au-dessous du cadran » au Garde-Meuble ; il figurait dans l’appartement du duc de Normandie à la veille de la Révolution, dans la « pièce ensuite de celle des Nobles », décrit dans l’inventaire du château de Versailles dressé entre 1785 et 1787 .

Notice de Bertrand Rondot

Le bas d’armoire de la chambre du Dauphin

Ce bas d’armoire, don de la Société des Amis de Versailles en 1991 grâce au comte Edouard de Royère, a été commandé à Benneman pour la seconde antichambre du Dauphin, à Versailles. Il vient d’être placé dans la Chambre à coucher de l’appartement du Dauphin.

La naissance tant attendue d’un héritier en 1781 ne bouleversa pas pour autant l’affectation des appartements dans le corps central du château : le comte de Provence, jusqu’alors héritier présomptif de la Couronne, put conserver l’appartement traditionnellement réservé au Dauphin au rez-de-chaussée, sous une partie de la Galerie des Glaces et de l’appartement de la Reine, appartement qu’il occupait depuis 1774.

Ce n’est en fait qu’en 1787 qu’il dût le céder au petit prince, au moment de son « passage aux hommes ». Mais la richesse de mise pour l’appartement de l’héritier du trône n’était pas jugée convenable pour un prince encore très jeune ; c’est pourquoi le Garde-Meuble s’attacha à rendre plus gaies et fraîches mais aussi plus fonctionnelles ces salles dont les lambris dorés furent blanchis et les tentures brodées d’or, dont certaines installées pour le Dauphin son grand-père en 1747, remplacées par un simple damas vert.
Le mobilier fut également renouvelé dans le même souci de faciliter avant tout la vie de l’enfant et de son service. Ainsi, pour la seconde antichambre ou pièce des Nobles, un grand meuble d’appui fut commandé à Guillaume Benneman, par l’ordre 74 du 10 mars 1787 : « un bas d’armoire à dessus de marbre de Flandres, de 6 pieds de longueur en bois d’acajou à 2 vantaux, les trois tiroirs fermant à clef, entrées et chapiteaux dorés d’or moulu ». Le meuble fut finalement placé dans la chambre voisine, où il s’adapte parfaitement au lambris du trumeau de glace opposé à la cheminée.

Bien que d’une qualité différente du griotte rouge d’Italie de la cheminée installée en 1712, l’administration du Garde-Meuble n’a pas cru bon de le remplacer, considérant qu’il s’agissait là de toute façon d’un mobilier de transition et que le jeune prince ne serait pas sensible à cette légère dissonance. Ce meuble est aujourd’hui un émouvant témoignage du cadre élégant et fonctionnel dans lequel vécut le premier Dauphin, jusqu’à sa mort à la veille de la Révolution, le 5 juin 1789, sous le regard attentif de son gouverneur, le duc d’Harcourt, logé dans l’appartement de la Dauphine mitoyen.

Notice de Bertrand Rondot.
© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

Paravent de la chambre à coucher du comte de Provence

Don de la Société des Amis de Versailles en 1977, ce paravent à six feuilles fut livré par Jean-Baptiste Boulard en 1787 pour la chambre à coucher du comte de Provence à Versailles. Il se trouve à présent dans la chambre du Dauphin.

Ce paravent fait partie du meuble livré le 5 mars 1788 pour la chambre à coucher du nouvel appartement du comte de Provence, frère de Louis XVI, dans l’aile du Midi à Versailles.[…] En revanche, l’ensemble de sièges, le paravent et l’écran étaient à châssis pour changer les garnitures. Ce paravent à châssis à six feuilles, la partie supérieure cintrée en chapeau, possède un riche décor sculpté, de double feuille d’eau, perles, de double ficelle et d’une couronne de feuilles de chêne qui révèle la destination princière. Le meuble de la chambre fut commandé le 6 décembre 1786.
Jean-Baptiste Boulard exécuta les bois du paravent. Jean Hauré fut chargé de la sculpture, confiée à Nicolas Vallois, et Louis-François Chatard réalisa la dorure. Claude-François Capin assura la confection du meuble en gros de Tours fond blanc broché soie de différentes couleurs à dessin de bouquets, guirlandes de roses et trophées champêtres.

http://collections.chateauversailles.fr/#bfd31d8e-09b0-4a85-a761-9b008bab3bb3

Il est exceptionnel que ce paravent ait conservé sa soierie originale. On peut retracer l’histoire du meuble de la chambre. En mai 1796, il est réservé « pour l’Ameublement du Directoire au Grand Luxembourg ». Sous le Consulat et l’Empire, une partie du mobilier se trouve à l’hôtel d’Elbeuf chez Cambacérès auquel Napoléon, reprenant l’hôtel, donne le mobilier en 1807. En 1816, Cambacérès vendait l’hôtel de Roquelaure à la veuve de Philippe Égalité, duchesse douairière d’Orléans, mère de Louis-Philippe, pour laquelle le paravent servira au Palais-Royal

Notice de Pierre-Xavier Hans.

Restauration de la bibliothèque du Dauphin

Avec le soutien de la Fondation du patrimoine, la Société des Amis de Versailles a financé la restauration de la bibliothèque, une magnifique pièce très colorée !

© EPV / Thomas Garnier

Les décors de la bibliothèque du Dauphin sont malheureusement décapés en 1898 et en 1907. Par la suite elle a subit de nombreuses erreurs d’interprétation lors des campagnes de travaux, mais elle a aujourd’hui retrouvé ses couleurs d’origine et offre « l’un des plus beaux exemples versaillais de décor dans le goût rocaille assagi ».

Retrouvez tous nos articles et vidéos sur cette restauration


A lire dans les Carnets de Versailles :

 

« Bois porcelainé », par Lucie Nicolas-Vullierme, publié le 29 mars 2022

« Dans la peau du sculpteur », entretien avec François Gilles, publié le 24 mars 2022

« Quel Dauphin ? », par Laurent Salomé, publié le 1er avril 2022

Cet article a été réalisé par Clotilde Brosseau dans le cadre de son stage d’observation.

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