Découverte royale pour Versailles !

Publié le 13 mars 2023

Il arrive que certains mystères soient résolus grâce à un concours de circonstances exceptionnel ! Il s’agit ici du fauteuil de bureau disparu de Louis-Philippe.

C’est grâce à Laurent Texier, Jeune Ambassadeur, que nous devons cette découverte suite à une visite organisée par la Société des Amis de Versailles. Voici son témoignage.

© Mobilier National – Muriel Cinqpeyres

En quoi consiste votre poste de responsable des réserves extérieures du Mobilier National ?

Il s’agit avant tout d’un travail d’équipe, car au vu de l’immensité des réserves (plus de 20 000 meubles) il serait impossible de les gérer seul ! Avec mes collègues, nous avons pour principales missions la préparation des meubles qui partent en ameublement (résidences présidentielles, ministères…), en dépôt dans les musées ou en restauration chez des artisans, et à l’inverse nous réceptionnons des meubles. Nous travaillons au quotidien avec une base de données pour la gestion informatisée des mouvements. Chaque meuble est identifié avec un numéro d’inventaire pour assurer une traçabilité.

D’autre part, nous avons également des missions secondaires comme le traitement des meubles infestés par congélation à -30°C, les prises de vues, les constats d’état. En tant que responsable, je veille à la bonne organisation et au planning de l’équipe des réserves extérieures, je participe également au chantier de récolement des collections en réserve et au travail préparatoire pour une nouvelle implantation des collections dans les réserves extérieures en collaboration avec le service de l’Inspection des collections.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce métier ? Quelle mission vous plaît le plus ?

Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été passionné par les meubles anciens, surtout lorsqu’ils racontent une histoire, et j’allais d’ailleurs visiter les magasins d’antiquités par curiosité. S’il y a une mission que je préfère, c’est la recherche scientifique : reconstituer des meubles pour les revaloriser, faire du récolement en ciblant les meubles dont les notices de l’inventaire n’indiquent aucun marquage historique pour vérifier si c’est vraiment le cas. Ce récolement ciblé porte ses fruits puisqu’en faisant déposer les marbres de certains meubles pour voir ce qu’il y a en-dessous, il m’est arrivé de trouver des anciens marquages que j’ajoute dans la base de données. Il y a toujours un suspense car on ne sait jamais sur quoi on va tomber !

Pouvez-vous nous raconter l’histoire du fauteuil de Louis-Philippe ? Dans quelles circonstances avez-vous trouvé ce fauteuil ?

Dans les réserves extérieures, j’étais tout d’abord fasciné par ce fauteuil en acajou de la fin du XVIIIe siècle, qui se distingue par son style à dossier en grille incurvée avec ses deux têtes de chimères ailées sur le devant. C’est un modèle rare que je n’ai jamais vu en plusieurs exemplaires depuis mon arrivée au Mobilier National. Un jour, en faisant une visite guidée de la Chambre-cabinet de Louis-Philippe au Grand Trianon avec la Société des Amis de Versailles, j’ai appris que le fauteuil de bureau actuellement exposé (cf. photo) était historiquement dans la petite bibliothèque du roi, car le véritable fauteuil que le roi utilisait dans sa Chambre-cabinet restait introuvé dans les réserves du Mobilier National. Lorsque j’ai vu la ressemblance du fauteuil exposé avec celui conservé dans nos réserves, j’ai immédiatement fait le rapprochement. De retour dans les réserves, j’ai alors regardé sous le fauteuil pour en avoir le cœur net, et quand j’ai vu le marquage « T 203 » (correspondant à l’inventaire de Trianon), je n’avais plus aucun doute.

Que s’est-il passé par la suite ?

J’ai contacté le service de l’Inspection des collections pour leur signaler les marquages trouvés sous le fauteuil, ce qui a permis de retracer son parcours : il se trouvait bien en 1839 dans la Chambre-cabinet au Grand Trianon, puis est entré au Mobilier national en 1902, inventorié sous un autre numéro. Il a ensuite été envoyé à l’Élysée en 1906 puis est à nouveau rentré dans les réserves à une date inconnue. En 1980 il a été régularisé sous le numéro GMT 26038. Le marquage de Trianon n’était pas enregistré dans notre base de données ce qui explique pourquoi il était sorti des radars jusqu’à présent. Je suis ravi qu’il puisse retrouver sa place historique au château de Versailles !

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