Le mécénat des Amis et Madame Du Barry

Parmi celles-ci, soixante-dix-sept pièces du service de table « à rubans bleu céleste » ont été acquises en 1992 grâce à un don du comte E. de Royère, par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles. Plusieurs pièces issues du service « aux amours » qui avait été commandé pour deux convives, sans doute Louis XV et Madame Du Barry, ont également rejoint les collections : un compotier, un sucrier et deux seaux à verre.

En 2021, les Jeunes Amis ont été associés à la restauration d’une assiette au chiffre de Madame Du Barry provenant du service livré en 1771 par la manufacture de Sèvres à Madame Du Barry, pour le Pavillon de Musique de Louveciennes. Cette assiette permet d’illustrer le goût de Madame Du Barry pour la porcelaine de Sèvres et les arts décoratifs en général. L’originalité du service dont est issue l’assiette réside notamment dans le fait que c’est le premier service en porcelaine de Sèvres décoré d’un monogramme. Il marque également une rupture avec la production de la Manufacture de Sèvres qui privilégiait jusque là des fonds de couleur pour les services les plus importants. La blancheur de la porcelaine est pour la première fois mise en avant.

Quatre chaises à châssis, ont également été acquises en 2001 et une autre 2008 avec la participation de la Société des Amis de Versailles. Ces chaises appartiennent à une série de treize, dont une plus haute pour le roi, livrée par le menuisier Louis Delanois pour le salon de compagnie de l’appartement de Madame Du Barry à Versailles fin 1769. Il s’agit d’un ameublement personnel puisque l’usage au XVIIIe siècle veut qu’à Versailles, les maîtresses royales soient logées par le roi mais se meublent à leurs frais. Le dessin est extrêmement novateur. Les dés de raccordement des pieds s’inscrivent dans la ceinture. Le dossier en médaillon ovale répond au cintre de la ceinture. On admire la très riche sculpture : ainsi la frise d’entrelacs à rosette et le tore à feuilles de laurier enrubanné du médaillon. On peut dire que Delanois anticipe sur l’évolution des styles, réalisant dès 1769 des sièges de caractère et de style déjà Louis XVI.

C’est le cas par exemple du portrait de Madame Du Barry en Flore par François-Hubert Drouais. Après avoir été acquis en 2011 grâce à des donateurs fédérés par la Société des Amis de Versailles, le portrait a rejoint les collections le 25 mai 2011. Le château ne possédait plus aucune représentation peinte de la favorite depuis le vol en 1973 du tableau copié en 1838 par Auguste de Creuse. Entre 1770 et 1774, le portrait en Flore fit l’objet, à la demande de Madame Du Barry, de sept à huit répliques ou copies, chacune légèrement différente, destinées à son entourage. Trois versions sont aujourd’hui conservées en collection publique : au musée des Beaux-Arts d’Agen, à la National Gallery de Washington et au musée du Prado à Madrid. Néanmoins cet exemplaire, signé et daté de 1769, serait bien l’œuvre exposée au Salon et la première de toutes les déclinaisons effectuées ensuite par Drouais.