La restauration du traîneau « aux jeux chinois » grâce aux voyages des Amis

Publié le 09 janvier 2021

Selon le schéma mis en place en 2016, les voyages organisés par la Société des Amis de Versailles pour ses membres contribuent au financement de projets de mécénat.

Les dons consentis entre 2016 et 2018 dans le cadre des voyages ont ainsi permis de boucler les financements de deux restaurations : une sculpture des jardins – « Cérès », et un tableau de la galerie des « Cotelle » du Grand Trianon – « la Salle des Festins » d’Allegrain.
Ils ont aussi permis de financer un projet choisi symboliquement comme entièrement financé par « les voyages des Amis », celle du traîneau dit « aux jeux chinois ».

LA RESTAURATION DU TRAÎNEAU DIT « AUX JEUX CHINOIS »

Commandé sous Louis XV, construit en 1732 pour divertir la Cour lors des courses de traîneaux, ce traîneau à deux places est l’un des plus remarquables de la collection du château de Versailles.

Dès la fin du XVIIe siècle, la cour de Versailles adopte une mode venue des cours nordiques : les slädeparti. Ces courses de traîneaux faisaient partie des réjouissances que les hivers de grande gelée et de neige offraient dans les allées des jardins de Versailles ou sur le Grand Canal pris par les glaces. Menés par un gentilhomme de la cour assis sur le siège à l’arrière de la caisse, les traîneaux étaient tirés par un cheval ferré à crampons, caparaçonné d’un riche harnais brodé d’argent garni de grelots ; sur les brancards, on aperçoit encore les chaussons de cuir de Russie qui permettaient au cocher de protéger ses pieds du froid. Les sources nous laissent de nombreux témoignages sur la splendeur de ces courses royales à Versailles, comme dans les Mémoires du duc de Luynes : « Il y avait dix-huit traîneaux. Le roi menait sa fille aînée […]. Derrière le Roi, Mme Adélaïde menait, de très bonne grâce, un avec Mme Victoire. […] On passa de la terrasse dans les jardins d’en bas, dans toutes les petites allées, et l’on revenait toujours sur le tapis vert, le montant et le descendant au grand galop, à qui plus vite, ce qui faisait un coup d’œil charmant. On relaya deux fois sur le Tapis vert, ces fêtes sont très belles. Cela dura jusqu’à la nuit, que le Roi rentra. »

Avec ses dauphins et ses flots sculptés soutenant la caisse en forme de gondole, ses panneaux peints « à la Chine », entourés de rocailles et guirlandes en bois doré, et sa garniture originale du XVIIIe siècle – de velours de Gênes aux trois couleurs, fonds d’or à ramages vert, rouge et blanc –, ce traîneau à deux places est l’un des plus remarquables de la collection de Versailles. Si les autres traîneaux royaux adoptent un répertoire iconographique autour de variations aquatiques, hivernales et chimériques, celui-ci témoigne directement de l’engouement pour la chinoiserie en France à cette époque. Sur le panneau arrière, des oiseaux exotiques et une palmeraie évoquent un paysage des tropiques ; les panneaux latéraux, ornés de scènes chinoises inspirées de François Boucher, sont peuplés de petits personnages en costumes chinois, qui s’amusent dans des jardins fabuleux avec des tambourins à grelots, divers instruments de musique et, comme dans le panneau droit, avec les effluves floraux d’un pot à encens en porcelaine.

(Hélène Delalex in Marie-Laure de Rochebrune (dir.), La Chine à Versailles. Art et diplomatie au XVIIIe siècle, Paris, Somogy, 2014.)

Christopher Augerson, spécialiste de restauration de véhicules hippomobiles a effectué cette restauration. Ce dernier avait déjà restauré depuis plusieurs années les cinq autres traîneaux de la collection.

Mécénat  » Voyages des Amis »

Un don, variable selon la nature du voyage, est demandé aux participants des Voyages des Amis. Ce don contribue à un projet de mécénat, dont l’affectation – acquisition ou restauration – est définie, généralement au moment de la clôture de l’exercice, par le conseil d’administration de la Société des Amis de Versailles.
Récemment, les dons issus des « Voyages des Amis » ont contribué à l’acquisition du Portrait d’Alexandrine Jeanne Le Normant d’Etiolles par François Boucher.

En savoir plus sur l’histoire des traîneaux :

Et pour ce temps d’hiver… retrouvez aussi les petites histoires de saison, enregistrées au château de Versailles par Fabrice Conan :

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