Le Bosquet de la Reine restauré et quelques bancs à adopter

Publié le 29 septembre 2021

Suite à son inauguration le 14 septembre 2021, une visite du bosquet restauré de la Reine a été organisée le 22 septembre pour les donateurs de la Société des Amis de Versailles. La déambulation a été guidée et conduite par Véronique Ciampini, conductrice d’opérations des jardins et paysage du château de Versailles, en charge de la restauration du bosquet.

20 ans après la mobilisation de la Société des Amis de Versailles lors de la tempête, s’engager pour la restauration du bosquet de la Reine était une évidence : autant pour réparer les derniers stigmates de la tempête que pour participer à la renaissance de ce jardin à la diversité végétale si chère à Marie-Antoinette.

Thierry Ortmans, Président de la Société des Amis de Versailles

Les origines du bosquet

Le bosquet de la Reine a été spécialement créé pour Marie-Antoinette en 1776. Ce jardin, prolongeant le parterre de l’Orangerie, fut réservé à la Reine et à ses enfants, afin qu’ils disposent d’un lieu de promenade à l’écart des nombreux visiteurs. Ce splendide jardin paysagé privé a fait l’objet d’une restauration totale à partir de l’automne 2019.

LE SAVIEZ-VOUS ? Sous le règne de Louis XIV, à ce même emplacement, se trouvait un Labyrinthe avec trente-neuf salles et fontaines qui illustraient les fables d’Ésope

Situation du Bosquet de la Reine © Château de Versailles

Dessiné dès le printemps 1775 par Michel Barthélémy Hazon, le projet fut conduit par le comte d’Angiviller, qui orienta les choix de l’architecte selon ses propres vues. Il fut suivi par Jean François Heurtier, inspecteur général des Bâtiment du roi, et en appela aux conseils du lieutenant des chasses Charles Georges Leroy et du jardinier Jean Eustache Lemoine. Les entrepreneurs Berthe et Crosnier furent chargés de la majeure partie des travaux.

À sa création, le bosquet est conçu dans le style paysager en vogue dans les jardins du XVIIIème siècle. Prisée de Marie-Antoinette, la mode du jardin à l’anglaise est renforcée par une volonté de distraction de l’œil et de surprise. La création d’un grand nombre d’allées serpentines et la succession des différentes salles dans le bosquet de la Reine, s’inscrivent parfaitement dans cette nouvelle dynamique. L’alignement rigoureux des arbres à la française est de plus en plus contrasté par les différentes variétés de plantes.
Grâce aux nouvelles essences introduites en France, provenant des grandes expéditions maritimes menées en Amérique du nord, le bosquet suit un plan botanique « exotique ».

Ce véritable « bosquet d’acclimatation » a pu être créé grâce à l’alliance de botanistes tel que l’Abbé Pierre-Charles Nolin, à l’affût des nouvelles tendances de l’époque, et de paysagistes d’exception comme Monsieur André Thouin, au goût moderne très prononcé.

« Le bosquet de la Reine est un Jardin à part. Je crois qu’il n’y a point d’autre moyen pour le rendre agréable et multiplier l’espace, que d’en faire un Bosquet dans le goût moderne, de le composer de tous les arbres étrangers qui ont quelques agréments. Dans ce lieu il sera nécessaire de varier artistiquement la forme des arbres, celle des feuilles, la couleur des fleurs, le temps de leur fleuraison, et leurs différentes teintes de verdure… »

Correspondances de Monsieur André Thouin, paysagiste, le 22 octobre 1775

Le projet de restauration et de replantation

Afin de préserver un maximum la pérennité des plantations, les jardiniers ont dû étudier les sols pour y planter les composantes végétales les plus adéquates. Il a donc fallu prendre en compte que la partie haute du bosquet, près de l’orangerie, se compose d’un sol particulièrement sec. Le centre du bosquet, lui, est très ensoleillé. Enfin, la partie basse du bosquet est quant à elle assez humide.

D’après les recherches documentaires archéologiques menées et les études détaillées retrouvées, il se trouve malheureusement que certaines variétés de l’époque n’existent désormais plus aujourd’hui. Cependant, pour garder une évocation au plus proche, des espèces semblables à celles d’origine ont été sélectionnées.

Il a également été décidé de mettre en valeur les productions de plantes annuelles des jardiniers du Château pour l’agrément des différents parterres. Les bahuts qui les constituent sont très « moutonnants » par rapport à ceux des jardins du Château et de Trianon beaucoup plus raide.

Au total, près de 6000 arbustes, 650 arbres, et 600 pieds de roses avec 36 variétés différentes, provenant de quatre pépinières, ont été replantés dans le bosquet de la Reine.

Pied de roses d’un des parterres du Bosquet © Amis de Versailles
Fleur de tulipier © EPV / D. Saulnier

Pour la grande salle centrale, le tulipier de Virginie est mis à l’honneur. Très exotique au temps de l’Ancien Régime, cette essence a été choisie à la fois pour sa grandeur, ses belles fleurs, ainsi que sa beauté hivernale. Sur les 150 tulipiers du salon central, trois d’entre eux ont été plantés lors de la création du bosquet en 1776 ou lors d’opérations de regarnissage en 1786. La grande majorité des arbres a été fortement dégradée au cours des XIXème et XXème siècles, mais surtout lors de la tempête de 1999, suite à laquelle une cinquantaine de tulipiers ont du être abattus en 2009.

13 tulipiers de Virginie ont été adoptés par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles, dont un en mécénat collectif.

Chantier de la salle centrale © Thomas Garnier / EPV
Salle des Tulipiers © Thomas Garnier / EPV

Les salles et boisements périphériques ont été plantés d’arbres fleuris et rares pour l’époque. On y trouve des sumacs de Virginie, des arbres à neige, des catalpas d’Amérique, des cognassiers du Portugal, des alésiers blancs, des cytises, des arbres de Judée, des cerisiers à fleurs, ou encore des azéroliers.

La salle végétale des Amis de Versailles

La Société des Amis de Versailles a choisi d’adopter une salle au sein du bosquet de la Reine en finançant sa replantation, en particulier grâce au legs de Monsieur Jean-Claude Hubert.

La salle végétale adoptée par les Amis de Versailles a finalement été plantée de cognassiers et non de cercis prévus initialement, notamment pour des motifs d’ensoleillement. Des cercis ont été plantés dans la salle initialement prévue pour les cognassiers.

Fruits de Cognassier © Amis de Versailles
Salle des Cognassiers © Amis de Versailles

Le cognassier (Cydonia Oblonga) est originaire des régions tempérées du Caucase. Grand arbrisseau ou petit arbre, il peut mesurer entre 5 et 8 mètres de hauteur et jusqu’à 6 mètres de largeur.

Ses fleurs roses abondantes et printanières sont accompagnées d’un feuillage aéré, léger, changeant de couleur à chaque saison : foncé et luisant en été, mordoré et rougeâtre à la fin de l’automne, et de couleur tendre verte rosée au printemps.

Les fruits du cognassier sont des coings, appelés aussi pommes d’or ou poires de Cydonie (actuelle ville de La Canée en Crète), et sont particulièrement remarquables par leur volume. On les consomme principalement cuits sous forme de gelées, de confitures, de compotes, de pâtes de fruits ou confits.

« En général, cet arbre a une physionomie étrangère et agréable qui lui est propre et qui le distingue avantageusement de ses congénères et de tous ceux de sa famille. […] En attendant que la multiplication de cet arbre ait mis à même d’utiliser ses fruits, on doit le regarder comme l’un des plus propres à la décoration des jardins, par la forme pittoresque de son port, par sa verdure très hâtive, par la multitude et l’éclat de ses fleurs, qui durent quinze à vingt jours, et enfin par la forme, la couleur et la grosseur de son fruit, qui tranche agréablement sur sa belle verdure. »

Monsieur Thouin, Annales du Muséum d’histoire naturelle, 1812

Une nouvelle campagne de restauration ; les bancs du Bosquet

A Versailles, le banc de jardin tient une place particulièrement importante dans le décor et l’ameublement du parc. Afin d’offrir aux visiteurs le confort dont bénéficiaient les promeneurs du XVIIIe siècle, seront installés vingt-quatre bancs, créés notamment d’après des modèles retrouvés grâce aux peintures de l’époque et aux dessins du menuisier et ébéniste André Jacob Roubo.

La Société des Amis de Versailles participe à cette campagne en adoptant les trois bancs de la salle des cognassiers : deux grâce au legs de Monsieur Jean-Claude Hubert et un en mécénat collectif des Amis.

Participez aux côtés des Amis de Versailles à l’adoption du troisième banc de la salle des cognassiers !
Si vous souhaitez en savoir plus pour adopter un banc individuellement ou bien en souscription privée avec votre groupe d’amis, n’hésitez pas à nous contacter par mail ou par téléphone au 01.30.83.76.82.

Répartition des bancs dans le Bosquet de la Reine © Château de Versailles
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