« La révolution libertine », une série-documentaire en 4 épisodes de Julie Navarre, réalisé par Jean-Philippe Navarre. Découvrez le premier épisode diffusé le 17 octobre « Le XVIIIe siècle, libertinage et révolutions »
Le XVIIIe siècle repousse les limites imposées par le carcan religieux et jouit des plaisirs et des nouvelles libertés conquises. Les femmes dans un contexte politique pré-révolutionnaire découvrent une forme de pouvoir et d’indépendance qui s’éteindra au siècle suivant…
Au XVIIIe siècle l’aristocratie et la bourgeoisie scellent des mariages religieux. Ceux-ci ont pour but d’unir deux familles, de préserver les patrimoines et les intérêts économiques de celles-ci, comme l’explique l’historien Olivier Blanc : “Le mariage est extrêmement important puisque c’est un arrangement financier entre deux familles. Les dots des femmes sont parfois énormes et une fois que le contrat est signé chez le notaire, les couples se séparent et chacun vit sa vie. L’amour, en fait, n’existe pas, ou exceptionnellement, mais en général, ce sont des mariages arrangés, forcés. Le garçon comme la fille, on ne leur demande pas leur avis. Ce sont les familles qui organisent les choses. Et plus la dot est importante, moins le mariage est sincère.”
Une fois unis, les couples, dans la grande majorité des cas se séparent et donnent libre cours à leurs inclinaisons, autorisant femmes et hommes, à vivre des rencontres éphémères ou durables. L’historienne Scarlett Beauvalet nous raconte ainsi comment le marquis et la marquise du Deffand vécurent séparés : “Madame du Deffand a fait un mariage de convention avec le marquis. Ils ne s’entendaient pas, et curieusement, c’est le marquis qui est parti. Puis, il y a eu un rapprochement et finalement, ne s’entendant toujours pas, le couple s’est de nouveau séparé. Madame du Deffand s’est installée dans le couvent Saint-Joseph, avec notamment, son amant Charles-Jean-François Hénault, son autre mari, en quelque sorte. On a donc (surtout dans les classes élevées) beaucoup de couples séparés”.
Pour les rencontres, elles se passent, entre gens bien nés, dans les salons, au Bal de l’Opéra, et les maisons folies qui s’égrènent tout autour de Paris. Dans le monde populaire, à une époque où la vie privée n’existe pas, “il n’y a aucune possibilité d’intimité, tout est vu, tout est su”, rappelle ainsi, l’historienne Arlette Farge, les rencontres se passent partout. On se croise dans l’espace public, dans ces immenses espaces de mixité, où hommes et femmes se déplacent à pied, les rencontres se font aisément. (…)
Au Palais Royal, cœur de la Capitale, on retrouve selon les heures, les femmes vertueuses le matin, les prostituées l’après-midi, le soir offrant la possibilité aux hommes de se rencontrer entre eux. La campagne, plus traditionnelle, use de coutumes et de rituels de fréquentations pour unir les jeunes gens. L’idée du bonheur et de l’amour-passion dans le couple commence à creuser son sillon.