Marie-Antoinette, portrait d’une Dauphine

Publié le 18 décembre 2021

Le 25 novembre 2021, le château de Versailles a préempté grâce au mécénat de la Société des Amis de Versailles, une huile sur toile inédite représentant Marie-Antoinette Dauphine, exécutée par le peintre Joseph Siffred Duplessis. Cette œuvre autographe et rare, premier portrait de Marie-Antoinette sur le sol français, montre le vrai et le tout jeune visage de la Dauphine.

Fin novembre, la Société des Amis de Versailles a lancé un appel aux dons à ses membres et ses donateurs afin de financer une acquisition « surprise » . Les dons reçus contribueront donc à financer l’acquisition de ce portrait de la Dauphine.

Nous remercions chaleureusement tous les donateurs qui ont déjà participé à ce projet !

Vous pouvez participer à cette campagne en faisant un don sur notre site internet. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter.

Du portrait équestre au portrait en buste

Sur proposition de Jean-Baptiste Marie Pierre (1713-1789), Premier peintre du roi et directeur de l’Académie royale de peinture, Duplessis, qui a été surnommé le « Van Dyck de l’École française », fut invité à exécuter une représentation de Marie-Antoinette à cheval en 1771. Cette commande avait d’abord échu à Louis-Michel Van Loo, mais celui-ci étant décédé cette même année, il fallut le remplacer. Le parti d’un portrait équestre fut alors finalement abandonné pour une effigie en buste.

Une esquisse préparatoire conservée au château de Versailles garde le souvenir de l’image que Duplessis souhaitait présenter à la postérité, et qu’il pouvait utiliser pour toute représentation de la Dauphine, qu’elle fût équestre ou en buste. Pierre de Nolhac, conservateur du château de Versailles, acquit en 1936 cette « première idée » commentant ainsi cette esquisse : « cette étude donne bien cette impression de jeunesse avec un incontestable caractère de vérité sur cette toile non terminée. » […]

Le tableau acquis aujourd’hui par le château de Versailles procède de cette œuvre. Son examen révèle sans conteste dans le visage de Marie-Antoinette, la main du maître ; l’observation du traitement du costume et de l’arrière plan démontre aussi le caractère inachevé de l’œuvre.

À cet aspect inachevé, rien d’étonnant : le maître, en quête de vérité, n’eut pas l’heur de plaire à son modèle. Même si le visage est plus flatté que dans l’esquisse, si les traits sont adoucis par rapport à celle-ci, et si le rendu de la coiffure est habile et fouillé, cette image ne satisfit nullement  la Dauphine. Elle rejeta ce naturel –  lié aussi à l’absence de bijoux ou  du  nœud de  satin de soie qui ornait souvent son cou à cette époque. […]

Dans une lettre à sa mère, en date du 13 août 1773, cette dernière se plaignait de ses portraitistes : « On me peint actuellement ; il est bien vrai que les peintres n’ont pas encore attrapé ma ressemblance ; je donnerais de bon cœur tout mon bien à celui qui pourrait exprimer dans mon portrait la joie que j’aurais à revoir ma chère maman. »

Une version du portrait de Marie-Antoinette par Duplessis fut  pourtant envoyée à la Cour de Vienne. Mercy évoqua le travail de Carpentrassien dans ses échanges épistolaires avec le baron de Neny : l’ouvrage du peintre « qui a été  choisi  et  qui  s’appelle  Duplessis»,  rappelle l’ambassadeur, défendant son choL »Xdevant l’insatisfaction de l’impératrice : « le portrait a été travaillé par le meilleur peintre, le seul au moins qui ait le plus approché de la vraisemblance de la reine» – car Marie-Antoinette était souveraine lorsqu’il rédigea cette lettre, en 1774.

Notice de Gwenola Firmin

Une acquisition dans la lignée des actions de la Société des Amis de Versailles

Depuis 1907, la Société des Amis de Versailles contribue à l’enrichissement des collections du château et domaine de Versailles. Dès 1912, un portrait de Marie-Antoinette, intitulé Marie-Antoinette, reine de France à cheval, a rejoint le Château grâce au don d’Armand Brun, descendant de l’artiste.

Originaire du pays de Vaud, Louis-Auguste Brun reçut sa formation dans l’atelier de son oncle Antoine Brun, peintre paysagiste. Il acquit rapidement auprès de la noblesse et de la bourgeoisie locale une grande réputation, avant de séjourner à Turin en 1780.

Ce tableau est actuellement présenté dans ‘exposition « Les Animaux du Roi » au Château de Versailles, jusqu’au 13 février 2022.

Les portraits conservés de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Madame Royale, des comtes de Provence et d’Artois, de la comtesse Jules de Polignac, de la comtesse de Polastron, de la princesse de Lamballe et de la duchesse de Guiche démontrent combien l’art raffiné du peintre avait su séduire le milieu de la cour.

D’un métier précieux, tout à fait dans le goût nordique, ces œuvres plurent particulièrement à Marie-Antoinette. De petites dimensions, les tableaux de l’artiste suisse répondaient parfaitement au goût de la souveraine, qui aimait à échanger avec ses proches des portraits d’amitié. Ceux-ci devaient être d’autant plus appréciés qu’ils figuraient généralement le modèle non pas dans la pompe officielle mais, comme ici, se livrant à une activité sportive. Marie-Antoinette s’était adonnée aux plaisirs de l’équitation, dès son arrivée à la cour de France, en montant ses chevaux anglais aussi bien en amazone qu’à califourchon, à la manière masculine. Dans ses lettres, sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse, le lui reprocha et la mit en garde contre cette activité jugée dangereuse et inconvenante pour une princesse.

[ Notice de Xavier Salmon]

Translate »