Le mécénat de l’horloge de la cour de Marbre

Publié le 24 octobre 2020

Après avoir financé la restauration du Cabinet des Dépêches, la société Chronopost poursuivit son action de mécénat par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles, en finançant la restauration de l’horloge de la cour de Marbre, qui se déroula de juillet à décembre 1999.
Le programme de restauration qui porta à la fois sur le mécanisme, le cadran et la sonnerie, permit ainsi à l’horloge muette depuis plus de 30 ans, de sonner le passage à l’an 2000 !

Nous avons le plaisir de vous en rappeler l’histoire grâce à l’article de Versalia et aux notes de Frédéric Didier, retrouvées dans nos archives.

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Elevation de la cour de Marbre par Hippolyte Blondel, avant les travaux de Frédéric Nepveu en 1835. © Jean-Marc Manaï

L’horloge est placée au centre du fronton central de la cour de Marbre, encadrée par les allégories de Mars et Hercule au repos, sculptées par Gaspard Marsy et François Girardon, d’après un dessin de Charles Le Brun.

Cette disposition de l’horloge au dessus de la chambre de Louis XIV date de la transformation de la cour de Marbre, menée par Jules Hardouin-Mansart en 1679.

Sous l’Ancien Régime, l’horloge était dépourvue de mécanisme, n’indiquant pas l’heure mais ayant pour rôle de marquer l’heure de la mort du roi. L’horloge s’est arrêtée à deux reprises : lors de la mort de Louis XIV et celle de Louis XV.

Au cours du XIXème siècle, l’horloge de la Cour de Marbre a connu des interventions successives et fut dotée d’un mécanisme afin de rompre avec son immobilisme. En effet, durant le règne de Louis-Philippe, l’horloge de la Cour de Marbre fut dotée d’éléments d’époques différentes lors des travaux menés par Frédéric Nepveu, architecte du Palais de Versailles, en 1838.
Le mécanisme commandé à Leroy en 1767 par le Marquis de Marigny et exécuté par Pépin en 1769 fut monté dans la forge de Louis XVI, tandis que des cloches de bronze datant de Louis XIV ont été installées sur la toiture en plomb. Ces cloches, dont la plus grosse de 1 150 kg sonne les heures, tandis que les plus petites de 145 et 95 kg sonnent les quarts, avaient été fondues en 1680 par Florentin Le Guay. Les poids de l’horloge descendent sur trois étages, à travers les placards du supplément de bibliothèque du roi, de l’atelier et de la pièce des cuves au-dessus de la salle de bains de Louis XV. Les câbles reliant les poids au mécanisme ne mesurent pas moins de 58 mètres. Le nouveau cadran, quant à lui, présente alors un fond bleu sans motif central.

C’est en 1869, sous le Second Empire, que Charles Questel, Architecte en chef du Palais, fait modifier le cadran par Lepaute afin de se rapprocher de l’état d’Ancien Régime : la lave émaillée est remplacée par un fond en cuivre peint en bleu, le masque d’Apollon rayonnant est récupéré et redoré, mais deux aiguilles se substituent à l’aiguille unique.

LES TRAVAUX DE RESTAURATION

L’ancienne forge de Louis XVI a fait l’objet d’une remise en état, a été repeinte et dotée d’une nouvel éclairage. Le mécanisme du XVIIIème siècle a été démonté, révisé en atelier et remonté au même emplacement. Il a été équipé d’un système de remontage automatique à chaîne qui assure le fonctionnement permanent de l’horloge, qui nécessitait auparavant d’être remontée trois fois par semaine.

Le mouvement de l’horloge de Leroy (1769) dans l’ancienne forge de Louis XVI avant restauration
© Jean-Marc Manaï – EPV

Le démontage du cadran a permis de reconnaître l’ancienneté du motif central de tête d’Apollon et rayons de soleil, remontant sûrement au XVIIème siècle. Il a été nettoyé et redoré à la feuille, et le fond a été repeint en « bleu de Roi » selon l’état ancien.

Masque d’Apollon pendant sa restauration, seul élément conservé du cadran d’Ancien Régime
© Frédéric Didier

Le beffroi de fer forgé du XIXème siècle supportant la sonnerie a bénéficié d’un traitement anti-corrosion tandis que le socle en plomb a été refait à neuf. La plus grosse cloche de 1 150 kg a été traitée et nettoyée sur place tandis que les deux plus petites ont été envoyées à l’atelier afin de ressouder l’une et de reconstituer les anses de l’autre.

© EPV / Didier Saulnier

Pour en savoir davantage sur cette restauration avec Versalia :
« L’Horloge de la cour de marbre au Château de Versailles » par Frédéric Didier (Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n°4, 2001. pp. 62-71)

Pour en savoir plus sur le temps qui s’écoule à Versailles, découvrez ou relisez l’article des Carnets de Versailles : « A l’heure officielle« , par Jean-Luc Delpech.

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